[Chronique] La légende du Crépuscule de Caroline Pinho (Aries)

Vous aimez les récits fantastiques qui entremêlent magie, voyage et romance ?
Aujourd’hui on parle de La légende du Crépuscule, qui s’inscrit dans ces thématiques !

Avant-propos

Dans cette section du site, je vous livre une petite chronique au sujet d’une nouvelle, d’un roman, bref, d’une histoire qui se vend et du storytelling réalisé autour de cette histoire (l’histoire qui vend l’histoire).

A chaque fois la chronique est réalisée comme il suit :

  • La présentation officielle
  • Ma réaction à la présentation
  • Qu’en penser après la lecture ?
    • sur la forme
    • sur le fond
  • J’aime… un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ?
  • Remerciements et autres infos utiles.

La légende du Crépuscule : la présentation officielle.

Kalia est une jeune fille aux dons singuliers : depuis son plus jeune âge, les facultés qui sommeillent en elle lui causent d’inexplicables tourments. Ses yeux aux lueurs d’argent sont caractéristiques des fléaux de la mythologie. Lorsqu’un jeune aventurier s’égare jusqu’au bourg de Cysée et lui propose de le suivre à travers l’atlas des terres, Kalia y entrevoit l’opportunité de démêler les mystères qui entourent sa propre existence. S’amorce alors une odyssée vertigineuse, jonchée d’épreuves rocambolesques et de péripéties fracassantes, dans le but d’atteindre les portes du Crépuscule. Un imminent Tournoi se joue aux frontières de l’horizon, qui couronnera le prochain souverain des terres. Nos aventuriers parviendront-ils jusque-là ? Quelles épreuves menacent d’entraver leur quête et de bousculer leur destin ? Quels mystères parviendront-ils à percer ? Oseront-ils réécrire la légende ?

Catégorisation : Fantasy, Romance

Ma réaction à la présentation.

Comme très souvent, j’ai une légère crainte sur la quantité de spoil qu’offre la présentation; j’en retiens principalement qu’on nous vend une suite d’événements ayant pour but de nous apporter (ou pas) des réponses aux nombreux questionnements qui tourmentent Kalia.

On retrouve déjà le champs lexical propre à la Fantasy, avec l’évocation de la mythologie, d’une odyssée, la notion de Crépuscule et celle de légende.

Enfin, cela nous laisse entrevoir un vocabulaire riche donc un registre un peu plus soutenu que courant, dans un style qui se voudra sobre sur le plan littéraire et sans doute très imagé / graphique, quoi que minimaliste quelque part, à en croire la couverture (aparté à ce sujet dans la dernière partie de la chronique, les images n’entrant pas dans mon analyse de forme ci-après).

La légende du Crépuscule : qu’en penser après la lecture ?

Je pense que pour apprécier ce roman, il faut l’appréhender pour ce qu’il est : un récit de type Fantasy et Romance.

Vous allez me dire « oui, merci, Ju’, c’est exactement la façon dont il est vendu », donc je vais préciser : oui, du coup, il ne faut pas l’attaquer comme si vous alliez lire du Tolkien.

Je souligne ce problème car je crois que la plupart des gens ont régulièrement ce réflexe dès qu’on parle de Fantasy (plus que pour les autres genres); ils cherchent à associer ça à une œuvre déjà connue et ne voient la Fantasy qu’à travers le genre Heroic Fantasy alors qu’il s’agit d’un autre sous-genre.

Ici on revient aux sources de la Fantasy, avec une autrice qui crée sa propre mythologie, revisite des notions clés et le rapport de notre œil et notre esprit humain à ces notions, en y ajoutant sa propre touche de romance.

Maintenant que ce petit rappel est fait, plongeons dans le résultat.

Une forme qui colle avec la présentation et la sobriété qu’elle dégageait.

Comme on s’y attendait, le vocabulaire est riche, légèrement soutenu, ce qui écarte d’en faire une toute première lecture mais pourra être la première lecture Fantasy d’une personne qui a déjà un vocabulaire un minimum construit à côté.

On pourra trouver une certaine longueur aux phrases mais là encore, on reste dans une des caractéristiques de la Fantasy; le propos reste cependant plus accessible que la moyenne et n’atteint pas la lourdeur descriptive de certains récits notoires.

D’ailleurs et ça contraste avec de nombreux ouvrages du même genre, visuellement, le roman est bien travaillé, notamment s’agissant de la découpe des chapitres, plutôt bien équilibrée, qui offrira un confort supplémentaire aux personnes qui ne lisent pas les livres d’une traite.

La question étant de savoir si les autres voudront le reposer ou au contraire aller jusqu’au bout de l’intrigue en se laissant emporter par le récit ?

Un fond qui passe… ou casse, dès les premières pages.

Cela n’a absolument rien d’anecdotique, une fois encore, s’agissant de la Fantasy.

Accrocher ou non au récit va passer par 3 grands axes :

  • vous accrochez spontanément à la mythologie qu’on vous propose
  • vous n’avez aucun mal à vous plonger dans les réflexions parfois chaotiques d’un personnage que vous allez découvrir dans le temps
  • vous acceptez donc ses décisions parfois singulières car vous admettez que ce que vous ignorez du personnage pourra sans doute en justifier

Si vous répondez non à une de ces questions, le fond ne vous conviendra pas car si l’intrigue et les nombreux questionnements qui l’accompagnent offrent une multitude de rebondissements, vous pourriez avoir du mal à entrer dans le récit.

A mon goût, il faut voir la chose comme il suit : dites vous que vous allez lire un livre de mythologie mais qu’au lieu de redécouvrir des histoires que vous connaissez en partie pour approfondir vos connaissances (un peu comme lorsque vous lisez sur la guerre de Troie ou les 12 travaux d’Hercule), là vous allez devoir assimiler l’univers, les mythes et les personnages d’une seule traite.

Le fond est donc très riche, il pourrait cependant sonner gargantuesque, surtout si vous n’aimez pas le lâcher-prise que nécessite un univers avec très peu (voire pas, selon votre milieu, vos lectures précédentes, votre culture G, etc) de repères.

La contrepartie, c’est que si vous êtes à l’aise avec ça, si vous avez envie de laisser une chance à un univers à découvrir de A à Z, vous allez avoir beaucoup à penser, à tous les sens car ce roman a aussi de nombreuses pistes philosophiques à vous proposer, ce qui n’est pas sans rappeler des œuvres comme Kirikoustra (même si ces récits là sont de la philosophie romancée plutôt qu’une forme de Fantasy).

J’aime… un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ?

J’ai beaucoup aimé et je crois que ce roman (et les suites qu’on en attend) a beaucoup à offrir, jusqu’à un grand questionnement de notre rapport à la littérature Fantasy et même à la littérature en général.

Habituellement un roman invite au challenge via ses personnages, ici on challenge notre capacité à embrasser une œuvre pour ce qu’elle est, pas ce qu’on espère qu’elle soit, pas ce qu’on attend qu’elle soit (au-delà de la présentation), ce qu’elle est ni plus ni moins, sans artifice.

Il en résulte une sorte de choc frontal lors des premières pages et je crois que c’est une bonne occasion de rappeler qu’il n’est jamais inutile de prendre le temps de consulter au moins la première page d’un récit, pour se faire une première idée de notre capacité à apprécier une histoire.

Parce que là, on parle bien de la capacité du lectorat et non de la capacité de l’autrice qui a largement fait sa part en créant de toute pièce un univers singulier, en lui imposant son propre rythme -cohérent- et en arrivant à une telle harmonie que la romance (et j’ai même envie d’écrire « les romances », avec une approche peut-être un peu plus spirituelle du terme) s’offre relativement naturellement, en tout cas m’a semblée bien moins forcée que dans d’autres récits contemporains.

Finalement, ce roman ne sera sans doute pas un best seller mais la raison pour laquelle il peinerait à atteindre ce statut réside moins dans la qualité de l’écriture et de la légende qui s’écrit que sur une forme de crainte de faire le grand saut littéraire vers un réel inconnu.

J’invite pourtant à oser faire ce grand saut, pour ne pas risquer de passer à côté d’une richesse atypique et exaltante.

Remerciements et autres infos utiles.

Je remercie Aries aka Caroline Pinho pour m’avoir proposé son livre.
J’ai vraiment adoré ce bond dans l’inconnu, son univers, les questions que se posent les personnages et qui entraînent d’autres questionnements en nous.

Je vais faire le petit point promis également sur les illustrations !
Tout d’abord, j’ai trouvé que la couverture traduisait très bien ce à quoi on doit s’attendre à la lecture : des interrogations qui viennent naturellement et en nombre, avec quelque chose que l’on croit connaître et qui entraîne une confrontation avec ce que l’on anticipe à tort et ce qu’on découvre avec une certaine délectation si tant est qu’on dépasse le réflexe de rejet de l’inconnu.

Finalement le livre et ses illustrations sont une bonne analogie de la société et de nos rapports « au reste du monde ».
On a le choix de découvrir ou pas, ça peut nous paraître très travaillé ou trop simpliste, singulier ou trop marginal, c’est finalement notre personnalité qui nous rend apte à accepter le contenu, un peu comme si ce livre était un miroir reflétant notre âme.

Où retrouver « La légende du Crépuscule » ?

Vous le saurez dès que le roman sera sorti car cette chronique se fait en avant première !

Le livre est visiblement prévu pour une sortie en début d’année prochaine, en auto-édition.

Quid du storytelling, finalement ?

La présentation ne nous ment pas et ne nous spoil pas.
En fait elle est même assez bien organisée car elle donne le ton sur la vitesse de progression de l’histoire; une fois que les événements évoqués ont eu lieu, vous savez à peu près à quel rythme tout prend forme.

Cependant, je pense que cette portion d’histoire qui vend l’histoire aurait pu qualifier un tout petit plus le lectorat pour ne pas risquer de se heurter à des rejets du public qui n’a pas aimé car il n’a pas compris à quel type de Fantasy il allait vraiment se heurter.

Mais là on entre dans l’éternelle question de savoir si on préfère cibler un public large au risque de multiplier les critiques pas vraiment justifiées ou vraiment cibler uniquement son cœur de cible, au risque de passer à côté d’un public qui aurait pu se laisser convaincre et faire une bonne découverte.

Personnellement, j’aime à soutenir la théorie de la qualité qui doit l’emporter sur la quantité mais tant que votre storytelling de base est honnête, ce choix secondaire n’appartient qu’à vous !

Dans tous les cas je vous souhaite une bonne découverte de ce roman si vous lui laissez sa chance et on se retrouve prochainement pour une nouvelle chronique de ces histoires qui se vendent !

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