Vous avez envie de lire un thriller psychologique ?
Plongez dans les doubles jeux des personnages de Pauline Bouquin !
Avant-propos
Dans cette section du site, je vous livre une petite chronique au sujet d’une nouvelle, d’un roman, bref, d’une histoire qui se vend et du storytelling réalisé autour de cette histoire (l’histoire qui vend l’histoire).
A chaque fois la chronique est réalisée comme il suit :
- La présentation officielle
- Ma réaction à la présentation
- Qu’en penser après la lecture ?
- sur la forme
- sur le fond
- J’aime… un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ?
- Remerciements et autres infos utiles.
Doubles jeux : la présentation officielle.
Un jeune couple à qui tout semble réussir.
Un voyage de noces au cœur des Highlands.
Une incursion dans les méandres de la folie humaine.
Le 1er janvier 2017, sur l’A6, un homme somnole au volant de sa voiture et heurte de plein fouet les barrières de sécurité. Sa femme, Louise Riesenney, meurt sur le coup.
Le 28 mai 2018, à Rosemarkie, Cédric Duschesne quitte le gîte où il a élu résidence pour sa lune de miel et disparait dans la nature. Toutes les traces de son existence s’évanouissent avec lui. Seule son épouse, Sophie Duschesne, semble se souvenir de son mari. S’est-il enfui ? Est-il mort ? A-t-il seulement existé ?
Sophie est loin de se douter que ces deux événements sont inextricablement liés, que Cédric n’est pas l’homme qu’elle pense connaître et que chaque membre de son entourage, à l’exception d’elle-même, joue double-jeu.
Catégorisation : thriller psychologique / suspens
Ma réaction à la présentation.
J’ai doublement peur, sans mauvais jeu de mot vis à vis du titre du livre.
Ma première crainte à la lecture de la présentation, c’est qu’elle m’en dise trop, à la fois en débordant sur ce qui pourrait constituer le prologue du roman, ensuite sur l’intrigue complète à cause de l’aveu immédiatement du lien entre les événements mentionnés.
La seconde c’est la thématique énoncée au début de la présentation : la folie humaine.
Etant neuroA, je sais que je m’expose au risque de lire une pléthore de clichés psychophobes.
Bon, au moins je suis dans l’ambiance pour un thriller.
Côté storytelling, on nous promet du sombre, avec des secrets, donc de nombreuses questions et encore plus de réponses sans doute très floues, ça tombe très bien pour un roman catégorisé thriller.
Doubles jeux : qu’en penser après la lecture ?
Avant toute chose, par honnêteté, je vais préciser que je n’avais encore jamais lu de roman en format court (200 pages) et que ma perception peut être biaisée par la méconnaissance totale du rythme que ce type d’écrit doit comporter.
Mon analyse sera donc celle que j’accorde habituellement aux romans classiques et devra être prise avec le recul associé.
Et du coup on attaque sur ce que j’ai perçu comme étant un paradoxe.
Une forme paradoxale pour le format.
Si l’écrit est, au sens purement grammatical et orthographique, quasiment parfait, je le trouve relativement inaccessible par sa longueur.
Il y a un paradoxe profond sur le fait qu’on a affaire à un roman court mais à des phrases qui peuvent, parfois, paraître interminables.
Cela ne m’a pas empêché de lire le roman mais je pense que c’est un gros frein pour une partie du lectorat moins habitué qui pourrait vouloir essayer un roman court par association maladroite avec la version « poche » d’un roman classique.
Est-ce qu’il aurait fallu retirer du contenu ?
En fait je pense que c’est tout l’inverse.
Les informations données sont toutes efficaces et servent parfaitement le récit et l’intrigue.
Du coup la sensation que j’en retire c’est qu’il y a pu y avoir une forme de bridage qui a abouti à un roman court là où avec plus de temps (ou d’accompagnement, peut-être), on aurait pu avoir un roman plus long où ça se serait mieux dilué, pour un peu plus de fluidité.
C’est dommage parce que le reste est agréable, c’est espacé correctement, la police est assez inclusive, donc on respire quand on lit.
Bref, la forme n’est pas idéale mais j’ai presque envie de dire, c’est aussi mon cas qui est spécifique, donc je ne vais pas en faire une généralité; si vous avez l’habitude du format court, je pense que ça ne vous posera aucun problème particulier.
Passons à présent à la question du fond.
Un thriller psychologique assez académique.
Là encore, c’est peut-être le format qui influence ma perception mais en tout cas je trouve le roman très scolaire; attention ça n’est pas un défaut, c’est juste factuel.
A mon goût, on reconnaît un bon thriller psychologique au fait qu’il s’immisce dans notre esprit et que non seulement vous voulez lire pour avoir le fin mot de l’histoire mais en plus il vous met autant mal à l’aise (ou presque) que les personnages.
Pour le coup, c’est très bien réalisé.
L’enchaînement des informations auxquelles le personnage principal a accès, les milliers de questions qui lui viennent à l’esprit, la frustration quand elle sait qu’on lui cache des choses et cette sorte de paranoïa communicative ont absolument tout pour vous tenir en haleine et vous faire réfléchir (peut-être trop, d’ailleurs) à tout ce que vous lisez.
Et pour ne rien gâcher, le début du livre met assez rapidement l’intrigue en branle pour que vous puissiez accrocher rapidement à l’histoire.
J’aime… un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ?
Si j’ai bien fait mon boulot jusqu’à présent, vous devez estimer que j’ai beaucoup aimé.
Et dans les faits… j’ai détesté.
Avant de vous expliquer pourquoi, j’espère sincèrement avoir réussi à conserver assez d’impartialité en traitant la question du fond et de la forme sur un plan global; je pense tout ce que j’ai écrit ici, pour moi la forme s’apparente à un écrit timide et je pense que ça présage que du positif à l’avenir, je suis sûre que Pauline pourra écrire des sagas entières de thrillers psychologiques, sans aucun problème et que ça doit être perçu ici comme le début et un début vraiment très encourageant et le fond, la manière dont est rodée l’histoire, appuie à mon goût cette sensation.
Mais.
Ce livre est extrêmement psychophobe.
Je ne voulais pas inclure ceci dans l’analyse de base pour 3 raisons :
- mon rôle, dans mes chroniques, me semble être de rendre compte de la qualité d’un livre de manière impartiale et de traiter séparément (ce que je vais faire juste après) les problématiques connexes;
- je pense que malheureusement de nos jours, très peu d’auteurices ont conscience de leur rôle / impact / responsabilité dans les représentations et le jeu de pouvoir qu’occupe la littérature dans les discriminations ordinaires;
- on a peu de femmes écrivaines, moi j’ai très envie de mettre en avant tout le potentiel que je découvre et laisser la porte ouverte à l’idée que là c’était une maladresse dans le tâtonnement et que du coup le prochain roman sera excellent (et si c’est pas le cas, ben j’aurais mis en garde séparément et puis voilà).
Quel est mon problème avec ce livre ?
Pour vous le dire, je vais user d’un stratagème consistant à écrire en blanc sur blanc car je vais spoil (« divulgâcher ») une partie du contenu et je ne veux pas vous imposer l’information si vous comptez le lire; si vous voulez lire cet avis, surlignez simplement les lignes vides entre les [spoiler] [/spoiler] à l’aide de votre souris pour faire apparaître le texte.
[spoiler]
Sophie, notre personnage principal, est folle.
Au sens -apparemment- clinique du terme.
Mais sa folie affirmée donne la sensation de n’exister que pour servir l’intrigue alors qu’une personnalité typique aurait été tout autant sujette à une possible paranoïa.
De facto, la seule chose qui justifie de présenter Sophie comme folle, c’est le fait que les autres personnages puissent mieux soit l’infantiliser en prétendant lui cacher des choses pour la protéger, soit la discréditer parce qu’elle est folle et aurait régulièrement des accès de démence.
Dans les deux cas, le discours est extrêmement violent : on a une personne neuro-divergente (enfin, sans savoir en quoi en définitive) qui fait les frais de la psychophobie de chacun.
Et du coup, on n’est plus du tout dans un thriller psychologique mais dans le quotidien des profils neuro-divergents.
Mais en toute honnêteté, ça j’ai encore pu le digérer.
Principalement parce que j’y trouvais l’excuse du format; sur un format plus long, il aurait sans doute été possible d’expliquer en quoi Sophie était folle, son parcours psy, etc.
Bon, ça n’enlève pas le merdier (pour parler français) des gentils neuros typiques qui lui font du mal pour la préserver (je vais faire une comparaison immonde à une fin pédagogique : c’est de la même trempe que les blancs qui sont violents tout en se voulant sauveurs des populations racisées) mais tel quel ça aurait été admissible.
Là où ça ne l’est plus, c’est tout le reste.
L’évocation des hôpitaux psys comme des lieux où on vous sauve aussi (aucune documentation, donc, ni sur le rôle des HP, ni sur les réalités de ces lieux, qui pourraient faire de bien meilleurs supports pour un thriller) et summum du summum de l’indécence (parce que, pardon mais en tant que concernée, ça en est) : on assimile fou un homme coupable d’inceste.
Et là on part dans l’illustration parfaite de la société actuelle dans toute sa psychophobie.
Un homme n’est pas un criminel, pas même quand il s’apprête à commettre un meurtre après s’être rendu coupable des années durant de viol incestueux, non, c’est un fou.
Je n’ai pas les mots pour qualifier ce genre de propos, alors je vais juste rappeler que ces raccourcis au sujet de la folie, ça nous tue, nous les fols/folles.
Non, un criminel n’est pas un fou.
Statistiquement, c’est faux dans 94% des cas.
Et non, toutes les personnes psychiatrisées ne sont pas nécessairement des psychopathes ou sociopathes et même quand elles le sont, ce ne sont pas des criminels.
Pour moi ce roman, quel qu’en soit le format, est à l’image du film « split » qui prétendait parler des troubles dissociatifs de l’identité et qui s’avère être une énième sortie psychophobe.
Je vais émettre un avis radical : n’écrivez pas sur les sujets qui ne vous concernent pas (ou pour lesquels vous intériorisez encore trop de biais, parce qu’on peut être à la fois fou et psychophobe), en tout cas pas sans consulter une personne concernée qui puisse relever les défauts de discours.
C’est encore la même chose et différence qu’entre Atypical et The Good Doctor par exemple et la liste serait très longue donc j’espère avoir fait preuve de clarté dans mon propos.
Encore une fois, je n’ai pas tenu compte de ce ressenti là pour noter le livre et pour mon analyse globale, d’ailleurs je n’en parlerai pas ailleurs, j’indiquerai seulement un TW psychophobie dans mes partages, pour préserver les personnes concernées.
Je n’évoquerai pas, en revanche, la représentation des victimes d’inceste, pour ne pas emprunter une parole qui n’est pas la mienne.
[/spoiler]
Remerciements et autres infos utiles.
Dans tous les cas, en dépit de la violence que j’ai ressenti à la lecture du livre, je veux remercier Pauline de m’avoir proposé son roman, d’abord parce que j’ai découvert un format qui m’étais inconnu, ensuite parce que malgré cela, l’effet thriller est bien présent, donc la présentation n’était pas trompeuse.
Et c’est d’ailleurs aussi pour cela que je voulais dissocier ma mise en garde du reste, on s’en doute à la présentation donc on ne peut pas dire qu’on s’y risque sans méfiance.
Où retrouver “Doubles jeux” ?
Vous pouvez vous procurer le livre en cliquant ici, au format numérique ou Broché, à votre préférence.
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Quid du storytelling, finalement ?
Je pense que la présentation est un tout petit peu trop longue, j’aurais coupé avant le fait que Sophie soit -apparemment- la seule à se souvenir de son mari :
« Un jeune couple à qui tout semble réussir.
Un voyage de noces au cœur des Highlands.
Une incursion dans les méandres de la folie humaine.
Le 1er janvier 2017, sur l’A6, un homme somnole au volant de sa voiture et heurte de plein fouet les barrières de sécurité. Sa femme, Louise Riesenney, meurt sur le coup.
Le 28 mai 2018, à Rosemarkie, Cédric Duschesne quitte le gîte où il a élu résidence pour sa lune de miel et disparait dans la nature. Toutes les traces de son existence s’évanouissent avec lui. »
Cela préserve le début du livre et l’essence de l’intrigue.
On est sur de la bande annonce qui dévoile un peu trop son jeu même si le fait de savoir à quoi s’attendre n’altère pas complètement la découverte de l’histoire.
Si on peut encore interroger le fait que son mari soit encore en vie (ou ait existé), dès que l’on découvre qui est Louise Riesenney, une grosse partie de la toile apparaît sous nos yeux.